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Collecte de paroles

Jeux de rôles

Avec l'ABC

association bourguignonne culturelle

Les textes écrits lors de l'atelier d'écriture créative du 19 novembre 2022

où l'on expérimente la collecte de paroles à la manière de Clarence Massiani

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Valérie et l'ABC

Petite balade au creux de l'intime

 

Valérie est entrée en ABC il y a une bonne vingtaine d'années.

Une époque formidable où jeune maman et de surcroît institutrice, elle avait le goût, le désir sérieux d'emmener ses enfants vers des espaces de culture. Soucieuse de leur illuminer les yeux dans ce festival légendaire qui se conte pas à pas, où la lumière de la scène et la narration des acteurs emportent de 7 à 77 ans. Elle dit : je voulais leur apprendre ce que veut dire être spectateur. Développer leur esprit critique aussi. Voir la magie de la scène pétiller dans leurs yeux, quel bonheur simple. Puis elle ajoute cela fait longtemps maintenant. Les enfants ne sont plus des enfants mais des adultes qui ont grandi avec ce bagage partagé. J'en suis fière, de ses enfants, on suppose mais aussi de cette transmission qui la relie encore et toujours à eux.

Elle aime l'ABC d'abord pour cette raison, la transmission. Le cordon culturel, la joie de faire découvrir, à la chair de sa chair, une parenthèse spectaculaire et le précieux de la vie.

Le temps s’est écoulé, elle s'est ouverte à d'autres lieux de Dijon, d'autres expériences, toujours aussi riches, fortes, pleines de vibrations et de rencontres théâtrales qui ont nourri ses personnages car elle aussi se met en scène et se transporte devant un rideau noir parfois sous les projecteurs. Ça prend les tripes mais c'est tellement jubilatoire ! C'est comme une vague qui t'emporte loin de ton tourbillon. Quand tu reviens, la tempête est moins forte, tu souris plus juste et tu sais que personne ne pourra te prendre ces moments de suspension.

 

Alors aujourd'hui se laisser embarquer à nouveau par l'ABC, renouer un lien et se souvenir qu'après avoir fait germer le pétillant dans les yeux de ses fils, elle peut poursuivre l'aventure. Un peu plus pour elle maintenant. Accompagner une copine qui lui a parlé tellement des ateliers d'écriture avec Laurence. Valérie se dit : pourquoi pas, j'ai envie, j'ai les mots, j'ai peur aussi. C'est bien de se le dire. La feuille blanche ressurgit comme à l'école peut-être quand la maîtresse demandait de raconter son meilleur souvenir, c'est quoi d'ailleurs un meilleur souvenir quand on a 10 ans.... Aujourd'hui, on lit une envie inquiète dans ses yeux mais aussi une détermination. Ses yeux qui se sont illuminés quand elle a reçu ce carnet illustré par l'homme de sa vie. Comme une invitation à vivre une expérience insolite, voir comme elle dit ce qui pourra sortir de sa plume. Tout comme le théâtre la transporte depuis presque toujours, les souvenirs ont resurgi, presque intacts, dès qu'elle a franchi le hall paisible de l'ABC. Cet espace, à l’architecture ouverte,  l’apaise. Impression d'être en terrain connu ...Ça rassure, oui, mais pas que. La curiosité l'a piquée et c'est chouette dit elle avec douceur. Ses yeux ont croisé cette plante, pas banale, posée sur le comptoir de Céline. C'est vrai que je n'ai jamais vu des feuilles pareilles. Le limbe tacheté attire autant qu'il surprend, c'est à la fois doux, exotique et presque artificiel. Enfin aussi surréalistes que les dendrobates des pays chauds et humides. Ça questionne avant tout. Finalement, l'ABC c'est un peu comme cette plante, une invitation à la découverte d'univers nouveaux, pour raisonner toujours et surtout pour que ça résonne en elle comme le bouquet final d'un feu d'artifice, pour rencontrer l'inconnu et retrouver le connu, autrement.

 

Ce que Valérie souhaite ici et maintenant à l'ABC, c'est avant tout…

Se laisser bercer par la spontanéité.

Se laisser traverser par des mises en scène nouvelles…

Laisser enfin les mots se coucher sur son précieux carnet illustré.

Et s’entendre murmurer : C'est si moelleux de partager nos voyages intérieurs au cœur de nos cœurs, au creux de nos mémoires. 

Agnès

De l'ABC à l'intime

 

Expérience nouvelle, troublante aussi que de répondre librement et longuement à un questionnaire en si bonne compagnie…

J'ai plus souvent eu l'habitude de collecter les paroles, les ressentis, les opinions ; avec mes élèves par exemple dans le cadre de mon travail.

Il m'est arrivé parfois de collecter tout au fond de moi mes petites pensées et de les coucher sur papier mais cela restait pour moi. Petit carnet dans mon tiroir, reflet de mon âme intérieure. Questionnements, réflexions pensées … tristes souvent.

 

Mais là tout était soudain différent, me laisser porter par une douce voix à travers un questionnaire, répondre en puisant dans mes souvenirs. Petite balade au cœur de moi-même... 

Parler de moi avec Agnès, quel privilège quand c'est une amie avec qui on a partagé de multiples moments. Oui généralement on échange beaucoup mais sans questionnaire...

 

Plutôt restée dans le concret, le vécu mais de l'évasion aussi.

Se replonger dans les années passées, mes enfants petits, « A pas contés », les lumières dans leurs yeux, le partage du moment ; rires, émotions...

L’ABC c'est ça aussi :les souvenirs.

Cette collecte de mes expériences révèle donc de la nostalgie mais aussi des envies de fréquenter davantage ce lieu, de venir remplir mon petit carnet offert par un être cher et décoré avec amour.

 

Et cette foutue nostalgie qui revient au bout de mon crayon … tous ces bons moments, que d'émotion ! Tant de choses emplissent mon esprit : candeur, innocence de l'enfance. Amour inconditionnel : mes enfants, ma fierté. Parler de moi passe inévitablement par eux, je m'en suis rendue compte à travers cette collecte.

 

L’ABC, de doux moments vécus et aussi à venir, avenir ...

Valérie

« Une participante de l'atelier d'écriture »

Hélène professeur de français et de théâtre emmène régulièrement ses élèves à l'ABC, depuis plus de 10 ans. Au début deux pièces par an avec des classes prises au hasard puis, avec la mise en place des classes théâtre, ce furent trois spectacles. Suite à l'offre de programmation, Hélène liste trois propositions principales puis établit des pistes de réflexion sur les différents spectacles en ayant pris soin de choisir trois autres spectacles en attendant l'attribution des spectacles en septembre car de nombreux collèges sont inscrits à l'ABC. A cela s'ajoute une pratique personnelle au gré de ses envies seule en famille, seule ou avec des amis, programmée de longue date ou en dernière minute.

Hélène participe aux ateliers d'écriture et va aux expositions. Elle souhaiterait que l'ABC organise des lectures goûters pendant les vacances scolaires afin de faire entrer en lecture les enfants le plus tôt possible.

Son meilleur souvenir « Le jardin suspendu 2021 » : une semaine merveilleuse pour elle, des découvertes, des ateliers et des moments de partage, que du bonheur.

Son souvenir le plus insolite : une galère qui la fait encore sourire et que ses élèves n'ont pas oubliée. Ils avaient été oubliés par le chauffeur de bus à Is sur Tille !  Celui-ci n'avait pas le bon horaire, et avait oublié de dire qu'il y aurait un autre chauffeur et qu'il ne ferait pas le retour de sorte qu'ils furent oubliés sous une pluie battante après la représentation. Puis au bout d'un long moment il n'était resté qu'un groupe, le leur, et un seul bus, qui les avait ramenés à bon port.

Le spectacle le plus marquant qu'Hélène ait vu est « Les trois petites sœurs » bouleversant d'émotions, et qui avait été suivi par la rencontre avec le metteur en scène et l'auteur, cette rencontre avait permis des échanges sur les intentions de chacun dans la pièce.

Pour Hélène venir à l'ABC donne du sens à la vie mais aussi des émotions pour nourrir et enrichir sa vie.

Claudine

Aujourd’hui, j’ai observé.

J’étais observatrice de deux duos mystérieusement dénommés « Collectée / Collecteuse ».  Des collecteuses de mots, de souvenirs, de sensations, d’idées, de projets que leur « Collectée » voulait bien leur livrer.

Alors il faut que je vous raconte. Mais tout d’abord le fil rouge : le thé. Des blancs, des gris, des noirs, des sachets dont on ne trouve pas l’entrée et le bruit de l’eau. De l’eau qui bout. De l’eau qu’on verse. Et puis aussi l’odeur. Celle d’un plat probablement indien, aux épices caractéristiques.

Mais cela seul le duo VA le sait. VA comme Valérie et Agnès, va comme le verbe aller. Car ce duo de professeuses des écoles blondes s’en est allé. Un étage plus bas.

Alors que le duo CH, comme chut car Claudine et Hélène parlaient tout bas, est resté là-haut, dans la cage de verre. A se parler d’histoires de collégiens et collégiennes qu’on emmène au théâtre et qui parfois attendent leur bus sous la pluie. Mais « c’était plus drôle que terrible » a précisé Hélène. Hélène, qui un jour qu’elle n’oubliera jamais, a vibré avec « Les trois sœurs ».

Mais redescendons l’escalier. Qu’est-ce que sortir de la boîte en verre protectrice peut-il bien produire ? Le premier effet, il est sur moi ! En haut j’observais depuis un canapé jaunâtre, plutôt hors champ. Laurence (le 5ème personnage que vous ne connaissez pas encore mais dont je ne vous dirai rien) ne m’a d’ailleurs pas repérée de suite. En bas je suis allongée dans un transat, mon oreille est plus flâneuse, mon œil est attiré par les mouvements de la rue que j’observe (aïe une observation parasite) à travers la vitrine.

Observer, c’est donc prendre position.

Mais que s’est-il passé pour le duo VA, celui qui se tutoie ? Qu’est-ce que ce déplacement, cette descente, cette réinstallation autour d’une table de jardin colorée, cette dilatation de l’espace sur une double hauteur, ces affiches et surtout cette femme qui mangeait un plat au curry ont-ils produit sur leur relation ? Comment l’interview va-t-elle être impactée par ce nouvel espace ? On ne le saura jamais vraiment, mais Valérie retrouve là un lieu un peu oublié, qu’elle aime et qu’elle décrit comme paisible.

Moi qui imaginais que ça pourrait tout changer de raconter ailleurs, de se rencontrer sous un autre angle, j’ai perdu. Perdu face à un questionnaire si puissant et si respecté que, comme un professeur qui dévoile son plan de cours, il a imposé son rythme.

Observer, c’est donc prendre position. Mais pas d’où je croyais !

Patricia 

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