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CONTES ET LEGENDES
DE LA ROULOTTE

Si j'étais un vrai écrivain

Avec l'ABC, association

bourguignonne

 culturelle

Les textes écrits en mars

Si j’étais un vrai écrivain, je publierais mes livres dans différentes langues, je ferais des après-midi dédicaces, j’adapterais l’un de mes romans au cinéma, j’offrirais mes livres en cadeau de Noël, je répondrais à des interviews après avoir reçu un prix littéraire, j’interviendrais dans les écoles, je voyagerais pour m’inspirer …

Et quand je serais mort, j’aurais un extrait de mes écrits dans les manuels scolaires, je serais photocopié, scanné, numérisé, joué, chanté et dicté aux petits écoliers.

Laetitia Bonnamour

Si j'étais un vrai écrivain…

 

J'aurais un petit cabinet, une sorte de pièce unique avec une clé suspendue à un crochet. Que seule moi utiliserais les jours mauves, ces fameux moments où la vie devient existentielle, qui suis-je ? Où vais-je ? Ces jours inspirants où l'on a juste envie de se gaver de bonbons à fort pouvoir glycémiant. Bref, j'aurais un rituel savoureux qui consisterait à décrocher cette clé et à me sentir inspirée par l'état cotonneux du ciel. J'enfilerais une tenue adéquate, souple ainsi que mon bracelet de perles offert par ma grand-mère préférée, elle qui m'a toujours soufflé : ne dépends jamais d'un homme. Bien sûr ma caverne aurait été soigneusement agencée, un canapé aux ressorts fatigués troqué dans une caverne d'Alibaba, un plaid soyeux et une multitude de coussins aux formes variées dans lesquels envelopper mon corps d'écrivain. Un petit guéridon, une collection de crayons et un cahier aux lignes blanches. Un fatras de post-it, une vieille horloge pour suspendre le temps, du scotch, des ciseaux pour ensuite barrer, ajouter supprimer et ignorer. Une lampe feutrée mais aussi une lampe sur pied au-dessus du canapé pour éviter de fatiguer mes yeux usés. J'écrirais au fil de la lune, des pluies pour raconter le monde englué, l'humeur humaine, le dernier coup de foudre que je n'ai jamais vécu et les rapports compliqués que l'on peut entretenir avec l'autre, celui ou celle que l'on ne parvient jamais à rencontrer. Les jours de soleil, je raconterais la beauté des pensées sous la lumière ou l'empreinte de mes pieds juste après l'exil de la marée. Les jours de tempête, j'ouvrirais la fenêtre pour que le tumulte emplisse chaque nouveau mot sur une nouvelle page vierge de mon carnet précisément numéroté…

Agnès

Je me lèverais la nuit pour vite, vite, écrire la phrase qui m’est venue dans mon sommeil, pour surtout ne pas l’oublier : elle est exactement ce que je n’aurais même pas rêvé d’écrire

J’aurais une table pleine de papiers (ce que j’ai déjà), peut-être un peu plus rangés ou empilés mais je sais que je chercherais toujours la page dont j’aurais besoin sur le moment.

J’écouterais la musique de mes mots pour la corriger sur la portée

Je me promènerais – peut-être – avec un carnet et un crayon, de ces carnets avec un élastique et un crayon accroché comme avait mon grand-père, pour noter une impression, une couleur, un chant d’oiseau, le balancement d’une fleur ou simplement un petit garçon qui joue consciencieusement avec un brin d’herbe, histoire de ne pas l’avoir oublié quand je serais rentrée

J’écouterais plus attentivement tout ce qui se dirait autour de moi, pour happer et garder une expression, un son, une image qui me toucherait

Je pesterais devant ma table quand je ne trouverais justement pas comment traduire en mots une expression, un son, une image

Je me perdrais dans le temps, le temps sans écrire et le temps de l’écriture

J’aurais envie d’aller au bout du personnage, de la situation, du paysage, pour découvrir où ils m’emmèneraient, eux que j’aurais mis sur le chemin

J’aurais du mal à me mettre à ma table, et autant de mal à la quitter

Je serais tous sens en éveil pour capter tout ce qui m’entoure

Je voudrais trouver l’alchimie qui transforme l’ordinaire en ce quelque chose de singulier, qui donne envie d’écrire, puis de se saisir du livre sur une table de librairie, de regarder son titre, la 4ème de couverture, de le feuilleter, de se laisser embarquer par le style, l’atmosphère, et finalement de l’emporter avec le plaisir anticipé de la lecture

J’aurais du mal à ne pas être lue

Je détesterais ne pas être lue

J’aurais une angoisse à l’idée d’être lue

Pascale 

Si j’étais un vrai écrivain, je partirais.

J'aurais besoin d'espace pour vivre le jour et écrire la nuit, oui il faudra bien dormir un peu…

 Je serais un écrivain inconnu caché derrière un pseudo avec une vie tout ce qu'il y a de plus normal. Je ne voudrais surtout pas avoir à parler de ce que j'écris. Mon grand plaisir serait de pouvoir écrire comme bon me semble le jour ou nuit plutôt la nuit d'ailleurs que je trouve plus inspirante !

 Je me verrais bien c'est sûr, dans une maison au bord d'une plage déserte, c'est tellement cliché mais quel pied !

 Mais qu'écrire ?  Je ne sais pas, on y trouverait sûrement plein de personnages dont les destins se croiseraient, ambiance mystérieuse, j'aimerais beaucoup pouvoir faire ressentir cette ambiance à demi-mot.

 Plutôt polar, plutôt saga, romance …Aucune idée !

 J'aimerais juste que ce soit ma plume qui me guide et m’emmène dans son univers où j'aurais plaisir à être invitée.

Frédérique 

« Si j’étais une vraie écrivaine », déjà j’aurais une bibliothèque immense avec une échelle à roulettes pour la parcourir. J’aurais peu d’ami.e.s puisque pas le temps de beaucoup les rencontrer, sauf par correspondances ou lors des rendez-vous ponctuels dans le café bobo que tout.e écrivain.e digne de ce nom se doit de fréquenter. Je pourrais disparaître des semaines, des mois, sans que mon absence n’inquiète personne : « elle est sans doute partie écrire dans le chalet des Alpes qui l’inspire tant… » / « elle a peut-être eu besoin de l’air frais de la mer dans lequel elle s’isole pour mieux écrire », etc. etc. Je n’aurais pas le temps non plus pour un mari ou des enfants, bien que ce point ne me dérange pas tant. Je serais fille de riche ou totalement pauvre mais sans m’en préoccuper, comme si je pouvais n’avoir aucune obligation financière ou bien assumant, tenaillée, mes dettes qui me suivraient dans ma tombe. Je me droguerais et boirais beaucoup parce que ça aide à écrire et qu’il ne suffit pas d’être uniquement torturé.e pour être écrivain.e. Il faudrait d’ailleurs que je sois torturée. Je ne dormirais pas, ou très peu. Je ne serais jamais publiée ou connue avant ma mort. J’ai tellement de chemin à faire, ça me tourne la tête… Je vais en rester là et continuer d’être une fausse écrivaine, c’est plus sage, moins triste, et bien moins chiant. 

Anouk

            Pourquoi ? Comment ? Dans mon parcours rien ne me prédestinait à l'écriture, bien au contraire, moins j'écris mieux je me porte. Je laissais faire les autres plus à l'aise que moi puis je suis passée de rédiger à écrire. La différence fût considérable un vrai déclic. Rédiger par obligation puis écrire pour le plaisir, pas forcément au départ pour être lue ou écoutée, de façon confidentielle, juste pour moi.

Puis petit à petit si on disait que j'étais écrivaine, auteure ou autrice au choix mais pour les enfants. Raconter des histoires, de jolies histoires pour faire rêver ou pour faire peur. Écrire une histoire oui mais l'illustrer c'est encore mieux. J'ai repris mes feuilles Canson, les crayons, les couleurs et la peinture. Travailler sur un projet de l'écriture à l'illustration est devenu une passion. Alterner en fonction de mes idées de mes humeurs faire des poses dessins puis reprendre l'écriture.

Claudine

Si j'étais un vrai écrivain … Je me prendrais ultra au sérieux, genre intello de gauche avec un gros compte en banque. J'aurais un appartement immense dans le Marais, haussmannien avec une touche bobo. Il y aurait des plafonds extrêmement hauts avec des lustres à pampilles que je n'allumerais jamais, parce que je préférerais la douceur inspirante des lumières indirectes. Des lampes de formes diverses et variées, avec des abat-jour en verre – de Murano – seraient posées sur des consoles en bois précieux et diffuseraient un éclairage naturellement doux et savamment maîtrisé. Je raconterais à qui voudrait l'entendre, comme à qui ne m'écouterait pas d'ailleurs, que j'ai moi-même chiné ces merveilles aux Puces ou dans des brocantes de campagne, et je ferais éclater avec une fausse modestie détestable mon goût parfait pour les belles choses. Partout dans l'appartement se trouveraient ainsi des objets soigneusement choisis dans le but évident de faire éclater ma supériorité intellectuelle et artistique. Une bibliothèque gigantesque occuperait un mur entier du salon et la porte semblerait se découper difficilement une place au milieu de ces ouvrages précieux, dorés sur tranche, ou froissés juste ce qu'il faut pour leur donner l'air d'un inestimable héritage – alors que j'en aurais acheté la plupart, au poids, sur les quais. Bien sûr, installée dans mon canapé Chesterfield, le dos calé dans les coussins, les jambes élégamment croisées, et un bras nonchalamment alangui sur le dossier, je prendrais l'air las et cultivé de celle qui a lu tous ces ouvrages et ne souhaite plus en parler. Mes interlocuteurs seraient écrasés par la l'image colossale et gargantuesque de ce tableau composé à leur intention. Je les ferais asseoir volontairement dans d'étroits fauteuils club qui comprimeraient leurs mouvements et les feraient se sentir tout petits … aussi minuscules que moi lorsque j'ouvre le livre d'un vrai écrivain !

Hélène

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