Les textes écrits lors de l'atelier d'écriture créative
du 30 mars 2022
où l'on écrit des panoramixtes...
A la droite de la main qui écrit ceci se trouve le sol bleu, la limite est une rambarde de couleur blanche. Au-dessus, il y a mes chaussures blanches qui touchent presque les fauteuils dont le dos est noir et les sièges sont rouges. Je vois plusieurs personnes devant moi, à quelques sièges, qui regardent le spectacle de danse. Les danseurs bougent leurs pieds d’un côté à l’autre, croisés, ils tapent ans leurs mains. En revenant un peu en arrière, nous pouvons voir qu’il y a deux sorties de secours à gauche et à droite. Les danseurs dansent sous des guirlandes de couleurs : rouge, verte, jaune, bleu. Sur la scène, le sol possède des lignes de couleurs noirs, les danseurs changent de place et lèvent leurs bras tout en effectuant des mouvements acrobatiques et artistiques. Ils bougent dans tous les sens tandis que l’animateur les encouragent au micro. A côté de lui, il y a une table noire où une dame s’occupe de la musique et s’ambiance aussi. La plupart des danseurs sont pieds nus ou en chaussettes. L’arrière de la scène est noir.
Adrien LEPETIT
A la droite de la main qui écrit ceci, quatre marches, longues et larges, suivies d’un chemin bétonné entre deux parcelles de pelouse remplies de marguerites prêtes à éclore.
En hauteur, perché sur un lampadaire, un panneau rouge « Feux, barbecues, et chiens interdits » on s’interroge alors sur la cohérence de comparer un chien à un barbecue…
Derrière cette pancarte, arbres et autres arbustes fraichement plantés se partagent une large étendue de prairie, laissant imaginer une petite forêt d’ici quelques années.
A gauche, un chemin bleu traverse un vaste coin de verdure, où se trouve dressés une dizaine de résidences étudiantes.
Le bruit de la nature fait alors place au bruit de la fiesta.
Entre deux bâtiments, on voit passer le tram, toutes les six minutes, accompagnée de sa douce mélodie « DING…Ding DING DING DING DING !!!!!!! ».
Enfin, à gauche de cette main qui termine décrire, on aperçoit un potager, le jardin partagé du campus, qui donne l’eau à la bouche en imaginant les fruits et légumes sortir de terre d’ici peu de temps…. Véka
« A la droite de la main qui écrit ceci » se trouve un rideau noir, comme ma tenue d’hier. Un rideau entièrement noir, très grand en hauteur, très long en largeur. Comme mon chagrin d’hier. Si je décale mon regard, à peine, je vois des ombres en mouvement, sur un sol noir. Des ombres noires qui se reflètent sur un rideau et un sol noir. Tout est noir. Mais parfois viennent s’ajouter des pieds en mouvements eux aussi. Des pieds nus ou en chaussettes. On peut distinguer la lumière d’une porte au fond, au fond de ces pieds, de ces ombres mouvantes. Lorsque mon regard se déplace un peu plus sur la gauche, c’est plein de corps qui y rentrent. Les corps de ces ombres mouvantes. Et c’est beau. C’est des lumières rouges, jaunes, vertes, bleues, oranges, au dessus de leurs têtes. Ces corps mouvants bougent au son de la même musique mais tous à leurs manières, très différentes. C’est chaud cette lumière qui illumine leur chaleur de vivre, de danser. Peu à peu ça réveille la mienne, de chaleur de vivre. Cette sensation étrange de sentir le soleil sur mon petit cœur congelé. C’est vivant, c’est puissant, et déstabilisant. Si je décale encore mon regard, il tombe sur des gradins. Ils ne sont pas remplis. Ou bien si, d’un mélange d’affaires déposées sur des sièges, de gens aussi parfois, et de vide. Ces quelques personnes, le visage orienté vers les joyeux en action. Des regards parfois très concentrés, parfois amusés, parfois absents. Les lumières multicolores les recouvrent également. Ils font partie intégrante du spectacle qui se déroule sous mes yeux. Oui. La vie est en mouvement, mais en arrêt aussi parfois. Ou plutôt moins rapide. Ils font tous partie de cette bouffée de vie qui vient m’exploser à la gueule. Et j’aime ce moment où je l’observe de l’extérieur. C’est nourrissant. Je me reconnecte au monde. Je me nourris de toute cette vie pour y revenir. Pas encore, pas maintenant. Mais bientôt. Je prends le temps. J’y reviendrai vite, comme une explosion de couleurs, moi aussi. Promis. Pour toi, aussi. Je reviens m’allumer.
Anouk Renahy-Gourdon
Point de vue A,
A l'envers de l'Atheneum, du vert plein les sens ?
Assise sur un muret, les pieds dans le vert, dans la mousse, dans l'herbe grasse et fleurie
Devant moi, tout près, un arbre jeune mais déjà grand, maintenu bien vertical par trois tuteurs en bois et trois sangles noires
juste à l'arrière, un père et un enfant passent en VTT ; ils font du tout-terrain en traversant le fossé ; cris joyeux ou apeurés de l'enfant ?
Derrière l'arbre, le vert se prolonge, quelques arbustes en fleurs, des arbres et encore du vert, vaste prairie qui monte progressivement
un chemin et un sentier parcourent cet espace ; le sentier s'étire, se dédouble, tourne, disparaît ; le large chemin se resserre puis réapparaît nettement et dans une boucle se perd au loin ; je le cherche en fronçant les sourcils, mes yeux l'ont perdu de vue mais je l'imagine aller au-delà du campus, traverser la campagne et d'autres espaces encore
Au loin, une bande de béton se détache, un peu en hauteur ; quelques trouées pour les fenêtres ; cette série d'immeubles posés bout à bout, à la queue leu leu, forme, au sommet, la ligne d'horizon avec le ciel, ennuagé aujourd'hui
ciel vide et gris à présent,
pas d'oiseaux
Mon regard se détache du vide pour traverser le vert en sens inverse,
Assise sur un muret, les pieds dans le vert
A quelques mètres, deux routes se croisent
une vraie route grise et un large chemin piéton bétonné bleuté
au croisement, un passage piéton, de belles bandes blanches peintes sur le goudron
pour qui les bandes blanches, pour des extra-terrestres la nuit venue ?
plusieurs personnes passent dans mon champ visuel, sans les utiliser
aucune voiture ne circule dans cet espace presque désert ?
Vers ma gauche, derrière un bâtiment au parterre fleuri, j'entends puis j'aperçois un tram, ça file, ça sonne, ça file, ça grince, ça se croise, ça file,
Et toujours, de l'herbe, herbe verte et fleurie
Aucune souris en vue...
Aucun lapin non plus
Mon regard enveloppe tout ce vert reposant, lumineux, habité ; large labyrinthe à parcourir sans risquer de se perdre
Quand, rugissent derrière moi des pas forts et pressés
Six, huit ?
Une porte claque
le vert revient.
M d'Arbrelle
point de vue D
Campus ,
carte IGN 3123 SB, Dijon Auxonne
1 : 25000 ( 1 cm = 250 m)
Sur le Campus de Dijon, derrière la M U, à 20 mètres de l'Ath.,
Je suis assise
A l'est, devant moi :
A 5 mètres, un arbre entouré de 3 tuteurs en bois
Immédiatement derrière, la pelouse se prolonge sur 250 mètres ; à 80 mètres, des arbustes et quelques arbres cette prairie monte progressivement, traversée par un chemin et un sentier
Au loin, en hauteur, à 300 mètres, une bande de béton ; cette série d'immeubles forme, au sommet, la ligne d'horizon avec le ciel
Mon regard revient à son point de départ
Je suis assise
A 6 mètres au nord-est, deux routes se croisent
une route et un chemin
au croisement, un passage piéton non utilisé par les passants
aucune voiture ne circule
A 70 mètres au nord-nord-est, derrière un bâtiment, un tram
Du nord-est au sud-est, mon regard se déplace
Quand, surgissent derrière moi, à l'ouest, 7 pas forts et pressés
Une porte claque,
le calme revient.
M. D'Arbrelle
Point de vue E
Campus ,
carte IGN 3123 SB, Dijon
Sur le Campus, derrière la M U, à 20 m de l'Ath.,
A l'est, devant moi :
A 5 m, un arbre
Derrière, une pelouse traversée par 2 chemins monte sur 250 m
à 80 m, des arbustes et quelques arbres
Au loin, en hauteur, à 300 m, une bande d'immeubles,
au sommet, le ciel
Mon regard revient à son point de départ
A 6 m au nord-est, une route et un chemin se croisent
A 70 m au nord-nord-est, derrière un bâtiment, un tram
Du nord-est au sud-est, mon regard évalue ce grand espace
Subitement, à l'ouest, une personne pressée passe.
M. D'Arbrelle
A la gauche de la main droite qui écrit ceci se trouve ma main gauche parente de l’adroite. Et une ligne oblique de fenêtres qui dessine une perspective florentine et dresse une carapace transparente à l’extérieur de laquelle une autre vie se déroule. Des gens qui marchent, que j’imagine partis d’un point A pour aller vers le B. En face de moi, une étagère aux compartiments réguliers exhibe la presse nationale et internationale. Monde diplomatique, Franckfurter All gemeine Zeitung, El pais… Un concentré de sérieux et d’intelligence. Derrière cette étagère se révèle un moment de vie. Une fille que j’imagine assise sur un fauteuil parle au téléphone avec une amie, avec un débit très rapide. Son amie s’est faite salement larguée. Le type est un vrai salaud. La fille ne veut pas la laisser seule. La conversation s’accélère à mesure qu’elle tente de la rassurer. Dans l’urgence, elle oublie que ce type de conversation n’est pas la fonction première d’une bibliothèque. Mais un siège confortable, une étagère derrière laquelle se cacher et un bâtiment chauffé font toujours l’affaire. Et tandis qu’elle parle et parle et rame à rassurer son amie qui doit pleurer et s’époumoner à l’autre bout du fil, mon regard balaie le rez-de-chaussée.
Des étudiants vont et viennent, descendent et montent les escaliers, rejoignent la sortie. La conversation de Machine couvre tous les bruits, aussi le balai exécuté par ces étudiants et quasi spectral. Des corps qui se déplacent dans l’espace, des vies qui se croisent de manière lente et régulière, comme une respiration agréable après avoir fourni tout ce travail. Machine veut casser la gueule au salaud. Il a vraiment déconné. Les étudiants vont et viennent de manière automatique. La téléportation n’étant pas encore de ce monde, il faut bien se déplacer. Mes oreilles sont pleines de Machine et saturent autant que sa conversation. Mes yeux sont plein des traces de silence laissés par ces étudiants qui marchent. Je ne peux pas les voir sortir, un rayonnage de livres à ma droite cachant les portes automatiques. J’imagine qu’ils libèrent une première parole dès que les portes se sont refermées. Machine est contente parce qu’elle dit « bon ben j’arrive un peu à te faire rire ». Satisfaite, elle clôt la conversation, se lève et se met en mouvement pour rejoindre sa place.
La nature a horreur du vide. Bruits de talons, de chaufferie, soufflerie, des bribes de paroles emplissent désormais l’espace, tandis que le mobilier reste définitivement immobile et impénétrable.
Nicdasse