A La marinette
Vies d'objets
Avec le Cri de la Plume
Les textes écrits lors de l'atelier d'écriture créative
du 22 septembre 2022
où l'on écrit la vie d'un objet trouvé chez la Marinette sous forme de logo-rallye avec des mots glanés dans le restau puis tirés au sort...
Raconter l’histoire d’un objet choisi dans le décor de la Marinette à partir de 7 mots :
2 choisis et numérotés en 1 et 7 qui leur confèrent leur place dans le texte et 5 piochés dans la boîte et imposés à tous dans l’ordre de tirage
1 Verre à pied
2 Plateau
3 Carte postale
4 Aromatique
5 Naturels
6 Assortiment
7 Lustre
Le tableau
Ils étaient là, tous les deux, tout droits, plantés comme deux verres à pied.
Seule ressemblance avec les verres à pied leurs regards transparents bien que ces derniers fussent marron et foncé.
Ils semblaient être posés sur un plateau. La manière dont ils avaient été peints leur conférait un air de carte postale. Rien dans leurs postures figées ne pouvait faire penser qu’ils aient goûtés un jour les délicieux plats aromatiques qui sont cuisinés « chez la Marinette ». Ces plats simples et naturels, ces délicieux assortiments confectionnés chaque jour dans ce lieu charmant.
Pourtant, ils semblaient bien à leur place, là sur le mur, et ne détonnaient pas dans la décoration cosy de ce petit restaurant de quartier. Et même la couleur des lustres était coordonnée avec celles de ce tableau.
Marie-Jeanne (22/09/2022)
Les mots tirés au sort : soutien, plateau, carte postale, confinade, naturel, assortiment, aromatique
Comment vous raconter mon histoire ? Je vais commencer par le début. Je suis né il y a sans doute plusieurs dizaines de millénaires, peut-être en Ethiopie, sur les terres de Lucy ? En tous les cas bien avant le soutien-gorge, et sans doute plus proche du plateau, qui, soit dit en passant, est tout de même un ami de longue date !
Aujourd’hui je suis empilé avec tous mes amis, sur l’étagère de Marinette. Elle aime l’éclectisme,il y en a pour tous les goûts, des ronds des carrés, des ventrus gourmands, des bigarrés qui aiment faire la fête, des blancs plutôt sages.
Depuis notre étagère on fait de l’œil aux cartes postales, on essaie d’engager la discussion, histoire de voir du pays comme on dit. Cela nous a pris pendant la confinade, on a trouvé le temps tellement long ! Se supporter nuit et jour entassés de la sorte, cela a été une sacrée épreuve. Et puis on s’est sentis inutiles, abandonnés, et surtout nous avions faim !
Moi, je suis comme Marinette, éclectique. J’aime les produits au naturel aussi bien que les assortiments sophistiqués. J’aime que l’on me tienne avec douceur et attention, que l’on me caresse à l’occasion... Le contact des lèvres rebondies me ravit, mais j’accepte aussi bien les fines et discrètes, les bouches affamées autant que les bavardes.
Marinette est une chouette fille, dans ce monde de plus en plus aseptisé c’est un bonheur de goûter sa cuisine aromatique. Et puis l’argent ne fait pas le bonheur, je suis aussi bien ici que chez un Bernard Loiseau ou un Joël Robuchon ! Et quelque chose me dit que dans cette nouvelle ère de la sobriété, je pourrais bien couler ici de très longs et vieux jours !
Mais qui suis je ? ....................................................................................
un bol !
Frédérique V.
Comment suis-je arrivé là ?
Moi-même, je me le demande... C'est curieux, je me souviens du temps où j'étais complète, rondelette, assiette... Une famille de coquillettes, tout apprêtée de beurre luisant et entortillée d'emmental filant, avait fait étape chez moi.
Leur passage avait laissé quelques traces, et j'avais sérieusement besoin de retourner en cuisine pour un petit rafraîchissement. D'un geste brusque, on me pose sur le plateau, sur une pile de copines, avec verres et couverts, et me voilà virevoltant dans les couloirs. Sur les murs, des affiches, des tableaux, des cartes postales... Une ribambelle de souvenirs que j'aperçois à peine tellement le transport est rapide. Et puis, une porte s'ouvre sur des effluves aromatiques qui s'échappent d'une marmite au couvercle entrouvert... Et tout s'accélère ! Le plateau vacille, les verres s'entrechoquent, les couverts dégringolent et naturellement, je les suis de près. Vacarme ! Gling !!! Bing ! Cri !... Et soudain, tout s'arrête.
Et me voilà là, petite mosaïque au milieu de multiples petits morceaux de tout.
Cécile Dufraisse